Depuis la soiree électorale de l’élection présidentielle de 1974, en pape du consumérisme, Valéry Giscard d’Estaing avait favoriséla surconsommation en ouvrant les vannes du crédit. Les centrales nucléaires, la course effrenée du progrès et du profit polluaient les campagnes, bétonnait les villes. Et si le Vietnam avait retrouvéle calme, que la guerre froide gelait, les armes ne se taisaient pourtant pas dans le monde. Woodstock entrait dans la légende et l’esprit des hippies se delitait dans les seringues de mort. Les paillettes du disco aveuglaient les consciences.
Comme dans toutes les familles, les Baudiable connaissaient des joies intenses : naissances heureuses, adoptions joyeuses, mais aussi son lot de tristesses. On enterra d’abord Violaine puis peu après, Marie-Cecile. Elles rejoignirent leurs ancêtres dans le caveau familial du cimetière du Père Lachaise.
Mais le fil de la vie apportait ses consolations. Eisa jubilait. La peinture sénégalaise sortait de son exotisme et recevait ses lettres de noblesses d’un public conquis lors de l’exposition de l’Ecole de Dakar au Grand Palais à Paris. Celle qui signait ses peintures Elisa d’Abanville Baudiable avait accompagnéles élèves de Pierre Lods àLondres, Tokyo, Amsterdam. Inquiète de retourner aux Etats-Unis après ses déboires, elle évita Washington. Malgréson absence, une galeriste New Yorkaise s’intéressa à son travail. Elisa ne se rendit pas àson vernissage. Qu’importe ! Madame Golfinger lui achetait dorénavant toute sa production.