" Akemi Nodlot n’avait pas fermél’œil de la nuit. Cela faisait plusieurs jours qu’il repensait àsa vie d’avant et ça l’obsédait. A chaque fois qu’il voulait s’endormir, il entendait le même bruit lancinant qui s’approchait, celui d’une locomotive àvapeur qui lui fonçait dessus àvive allure. Il distinguait à chaque fois la même silhouette, dans l’épais nuage de fumée, celle du petit personnage qui lui ressemblait, au pied de l’arbre, dans le tableau japonais. Il le voyait s’approcher de lui pour lui chuchoter la même phrase, en boucle. Au début, Akemi devait tendre l’oreille, puis la voix se faisait de plus en plus forte. Il entendait sans cesse cette foutue phrase, obsédante, qui martelait dans sa tête, « tu voulais tant qu’elle disparaisse...tu voulais tant qu’elle disparaisse...tu voulais tant qu’elle dispa- raisse...tu voulais tant qu’elle disparaisse... tu voulais tant qu’elle disparaisse...tu voulais tant qu’elle disparaisse... tu voulais tant qu’elle disparaisse... », jusqu’à ce qu’il se réveille en sursaut, exténué et couvert de sueur, n’entendant plus rien, totalement sourd. Les mots se bousculaient dans sa teête dans un écho insupportable : ce n’était pas vrai qu’il l’avait voulu, c’était tout le contraire, Aurore le savait ! Il y avait repensé durant des nuits entières et aurait donné ce dont il rêvait et même plus encore pour pouvoir arrêter le temps, appuyer sur pause. Mais c’etait impossible, on ne pouvait revivre sa vie "...