Contes des petits mondes d'à côté

Avant-Propos

Les contes n’ont pas d’âge, à peine un paysage et quelques personnages, animaux ou humains. Ils sont un peu comme les nuages, fuyants et aériens, et de bien innocents deviennent terrifiants. Ils passent, changent, bougent sous les vents, pourtant on s’en souvient. Ils ont peut-être pris racine là où ne reste rien de ce qu’on nous a appris à coups d’explications, preuves, méthodes, lois, bombes, fusils, peur, patrie ou trahisons, logique, réalité, placements, dividendes et mille autres raisons. 
Les contes ne sont ou n’ont que l'apparence de candides images. Ils sont les parents pauvres du mot « littérature » dont l’embonpoint frise l’indigestion. On les réserve aux âmes simples. Ils sont ces ombres délicates tracées à l’encre indélébile et aux sfumatos de très anciens imaginaires. Ils sont chantés par quelques voix aimées au timbre bien particulier. Des voix parties souvent depuis longtemps, que l’on n’oublie jamais. De loin en loin, contrebandiers de la pénombre, leurs silhouettes nous accompagnent et reviennent à la charge lorsque enfin tout s’éteint. 
Il était une fois… faites attention, ça vous paraît léger, fragile, insignifiant... C’est pourtant là que dort tout l'inconscient. Méfiez-vous donc de ces petites histoires qui n’ont l’air de rien. C’est le meilleur enfoui déjà dans nos crânes d’enfants. Le terreau et les graines de nos songes seront le plus beau champ de toutes nos actions. Car si le réel n’est qu'un singe se courbant devant les modes et l’immédiat, la rêverie est un lion sans âge, régnant en maître sur l’espace et le temps.